2.14 La langue luxembourgeoise 

Quelques mots seulement à ce sujet, le soussigné n’étant ni linguiste ni historien.

Beaucoup de ceux qui parlent notre langue nationale en ignorent l’origine et les caractéristiques tout en étant ses ardents défenseurs. Ainsi, lorsqu’un étranger interroge à ce sujet un Luxembourgeois, celui-ci, fort gêné, lui dit parfois qu’il s’agit d’un mélange de français et d’allemand, ou bien que le luxembourgeois provient de l’Allemand. Alors qu’il s’agit d’un vieux dialecte ou d’une vieille langue franque, ayant bien sûr beaucoup évolué avec le temps alors que l’allemand moderne date du temps de Luther.

Il en va de même lorsqu’il s’agit de nos emblèmes nationaux datant, selon les dires, en ma présence, d’un guide touristique de la Ville de Luxembourg, du temps du régime hollandais. À la mort de Guillaume III, en 1890 et de l’avènement de notre dynastie actuelle, nous aurions gardé le drapeau et les armes hollandaises! Un historien luxembourgeois m’avait pourtant dit que leur origine datait du temps d’Ermesinde, fille de Henri IV. Par son second mariage Ermesinde allia la Maison de Luxembourg à celle de Limbourg. Nos emblèmes nationaux en ont été inspirés sous le règne de son fils, Henri V, sont donc très anciens, peut-être plus anciens que ceux des Pays Bas.

Cette affirmation est corroborée par «Le Jeudi» qui, dans son édition du 11 avril 2019, a publié une interview de Marc Fassone avec René Klein, Président de la Commission héraldique de l’État: les armes luxembourgeoises sont dues à Henri V, fils de la Comtesse Ermesinde et du Duc de Limbourg.

Mais revenons à notre langue nationale. Je m’en voudrais si je n’évoquais pas à ce propos la mémoire du professeur Robert Bruch, prématurément disparu en 1959 à l’âge de 39 ans. C’est lui qui a montré que les différences régionales de notre langue coïncident avec celles d’anciens territoires tribaux. C’est lui encore qui s’est aperçu que notre langue a été influencée, avant que le germanique soit durablement établi dans nos régions, par des apports paradoxalement venus de l’ouest, par les Francs y parvenus et ayant déjà subi l’influence de la culture gallo-romaine.

Mais je voudrais surtout dire mon opposition à deux revendications qui ont récemment fait l’objet de pétitions largement souscrites.

Malgré mon attachement à ma langue maternelle dans laquelle je pense et fais mes modestes calculs mentaux alors que l’allemand et le français sont pour moi des langues étrangères, je ne suis pas d’accord avec ceux qui souhaitent d’en faire une langue officielle de l’Union Européenne. La multitude des langues y cause déjà des frais et des lenteurs regrettables. Nous n’avons pas besoin d’une telle reconnaissance. Le basque, le catalan et d’autres langues européennes non plus. Si nous essayons de faire admettre la nôtre, nous risquons de nous ridiculiser.

Il faut réduire le nombre des langues officielles de l’UE plutôt que de l’augmenter!

Je suis aussi d’avis que nos lois, règlements et arrêtés devraient continuer à n’être rédigés qu’en français. L’ «Actioun lëtzebuergesch», peu suspecte à cet égard, est du même avis.

Soyons donc fermes dans la défense de notre langue nationale mais gardons-nous d’en faire une exigence de portée européenne. Ce n’est pas dans notre intérêt.

JH, le 13 avril 2019

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