1.12 Epilogue – À propos des mythes historiques

Une affirmation incompréhensible pour les témoins d’époque.

… en guise d’épilogue à l’affirmation affligeante que pendant la Deuxième mondiale les Luxembourgeois n’auraient été acquis à la victoire alliée que lorsque la défaite allemande était devenue presque certaine.

Celles et ceux qui me font l’honneur de visiter de temps en temps les pages de ce blog savent qu’une partie importante de son contenu traite de ce qui s’est passé chez nous pendant la dernière guerre mondiale. J’estime maintenant qu’il convient d’y mettre un terme. La présente est ainsi la tentative de reprendre, à un âge avancé et pour une dernière fois, mes excursions dans notre histoire nationale.

En 2011, iI y a donc des années, je fus étonné, choqué même, par un article traitant de la résistance des Luxembourgeois à l’envahisseur allemand de «légende». D’où ma décision d’écrire mes souvenirs qui furent publiés en 2015.

Une première recension, au Tageblatt, fut plutôt favorable. L’auteur y regretta cependant que, tout comme la plupart de ceux ayant vécu la guerre, j’aurais sublimé mes souvenirs pour affirmer, entre autres, que la majorité des Luxembourgeois aurait résisté activement à l’occupant allemand. J’en fus étonné alors que dans mon livre, j’avais estimé les Luxembourgeois résistants actifs à plus ou moins 5% de la population. La grande majorité des Luxembourgeois avait cependant, selon moi, été de plus en plus hostile à l’envahisseur et cela dès le début de l’occupation.

Je devais ensuite me rendre compte que plusieurs historiens luxembourgeois et non des moindres, nés après la guerre, partageaient à ce sujet des vues fort contraires à mes souvenirs. Je m’en ouvris à des amis de mon âge, à l’époque déjà des survivants: tous partageaient ma consternation.

Quelques années plus tard, invité à participer à un débat public, un historien renommé y qualifia la résistance à l’occupant de «mythe» ou de “légende”. Cette fois-ci, cela ne m’étonna plus mais me parut toujours inacceptable. Devant mes protestations contre ce qui fut pour moi une négation de l’existence même de la résistance, il me répondit que pour lui, les termes de «mythe» ou de «légende» n’avaient pas la signification que je leur prêtais.

Cherchant par la suite à comprendre les causes de ce dialogue de sourds, je me disais que les cigares de Churchill, pour choisir un exemple anodin, pourtant bien réels, étaient en effet devenus un mythe, une légende, étaient devenus célèbres, légendaires. En y mettant de la bonne volonté ces termes, si utilisés à propos de la Résistance,n’étaient donc pas aussi péjoratifs que je ne l’avais d’abord cru.

Mais puisque mon interlocuteur n’avait certainement pas voulu dire que la résistance des Luxembourgeois contre les velléités annexionnistes allemandes était devenue célèbre comme le cigare de Churchill, je devais supposer qu’il la tenait pour bienmoins forte quecommunément prétendu.

Il en va de même d’une affirmation que j’ai trouvée récemment dans la revue « forum » et qui a contribué à ma décision de rédiger la présente.

Après un examen critique de la politique fiscale luxembourgeoise sur le plan international contredisant, selon l’auteur etnon sans raison selon moi, notre posture européenne en la matière, il y dit que dans d’autres domaines aussi, notre récit national était devenu insoutenable. Et d’affirmer que pendant les 10 dernières années, les médias et l’Université avaient consacré une partie importante de leur énergie à interroger aussi les autres certitudes de l’identité luxembourgeoise de l’après-guerre: la Monarchie, la Résistance, l’Eglise, son Histoire et la Nation, pour démasquer finalement ces fondements idéologiques de la société luxembourgeoise comme de pures fictions.

À cela une première remarque:

S’il est indéniable que notre pays a changé de posture en matière de politique fiscale internationale et il faut s’en réjouir, l’essentiel de cette affirmation me pose cependant problème: en effet et par exemple, au Luxembourg la monarchie et l’Eglise ne sont pas des fictions, elles sont bien réelles.

Il faut donc supposer que l’auteur voulut dire que l’idée que les Luxembourgeois, nés après la guerre, avaient été amenés à se faire de leur pays, de sa monarchie, de la Résistance, de l’Eglise, de l’histoire nationale, avait été démasquée comme une pure fiction. Non seulement l’idée que l’on s’était faite de la Résistance était ainsi, parmi d’autres, qualifiée de fiction, donc de ne pas correspondre à la réalité, d’être fausse, mais le terme «démasquer» me paraissait impliquer en plus que ces «fictions» avaient été créées alors que leurs auteurs les savaient fausses.

En ce qui concerne la Résistance, cette allégation n’est pas nouvelle, elle rejoint la théorie du «complot des élites», défendue par certains de nos historiens contemporains qui affirment qu’après la guerre les Alliés, en acceptant le Luxembourg parmi les pays vainqueurs, s’étaient fait berner par une conjuration des élites luxembourgeoises qui leur avait fait croire en la réalité d’une résistance luxembourgeoise pourtant presqu’inexistante dans les faits.

Je laisse le lecteur juge de cette théorie de complot. Elle implique que pendant des dizaines d’années nos ministres, députés, journalistes, historiens de tous bords, de gauche et de droite, une «élite» donc, aurait soutenu la fiction d’une résistance collective, active ou passive. À se demander si Gilbert Trausch et tant d’autres ont fait partie de cette cabale ou s’ils se sont laisser duper, eux aussi, par les «élites».

Loufoque!

Deuxième remarque :

Ce n’est pas l’Université du Luxembourg qui explique et interprète les faits de notre histoire nationale. Ce sont des historiens attachés à l’Université qui le font. Or seuls les faits historiques peuvent être scientifiquement corroborés, doivent être considérés comme indéniables. Leur explication, leur interprétation, aussi intelligentes qu’elles soient, doivent être considérées comme nécessairement subjectives,sont sujettes à contestation. Tout comme l’histoire de la Première Guerre mondiale, à la suite notamment des travaux de l’historien australien Christopher Clark (“The Sleepwalkers”), apparaît aujourd’hui sous un éclairage nouveau, on peut s’attendre à ce qu’il en soit un jour de même pour l’histoire de la Deuxième Guerre mondiale, y compris de celle concernant notre pays.

À cet égard, je dois l’avouer, je ne suis pas très heureux du fait que nos autorités, en acceptant implicitement l’ensemble des jugements du rapport Artuso, aient contribué à établir une sorte de vérité historique officielle, allant bien au-delà de la compassion ou du repentir que l’on doit ressentir face à ce qu’ont subi nos concitoyens juifs. Ainsi je crois qu’en 1940 la Commission administrative n’a pas failli à ses devoirs, appréciation subjective elle aussi, bien sûr, et donc sujette à caution, comme devraient l’être les jugements du rapport Artuso.

Sachant que, selon leur contexte, les mots peuvent changer de sens et que si on veut établir, presque 75 ans après la Libération, un débat serein sur ce qui s’est passé chez nous pendant les années 1940/44, on devrait ainsi se garder de se servir de termes prêtant à confusion.

Mais venons-en à la question principale : quels étaient les sentiments des Luxembourgeois pendant l’occupation allemande ? Question à la fois facile et difficile!

Question facile.

Facile parce qu’il ne peut y avoir de doute, à ce sujet, pourceux ayant vécu à l’époque : quelle qu’ait été leur attitude personnelle, qu’ils aient été antiallemands ou pronazis, tous les Luxembourgeois étaient conscients du fait que leur grande majorité n’aimait pas les Allemands, euphémisme s’il en est. Les collaborateurs, les vrais, ceux qui avaient accepté que l’Allemagne ait définitivement gagné la guerre ou espéraient qu’elle la gagne, s’apercevaient journellement de leur isolement, de l’ostracisme qu’ils rencontraient. Les autres Luxembourgeois, par mille et un signes discrets, réactions souvent inconscientes, se sentaient unis par un même sentiment antiallemand.

Dans ma classe à l’Athénée, on enparlait ouvertement car on était en confiance. Même les deux Allemands qui avaient rejoint notre classe acceptaient tacitement un état des choses qui les chagrinait probablement. Ils se gardaient cependant de s’en plaindre, se comportaient correctement envers leurs condisciples luxembourgeois. Nous faisions de même à leur égard, du moins je l’espère. Et nous savions que nos professeurs luxembourgeois pensaient comme nous.

Tout cela malgré le fait que nous étions tous membres de la HJ et nos professeurs luxembourgeois du VDB, condition nécessaire pour enseigner, pour les uns, de suivre cet enseignement pour les autres. Cette adhésion était considérée comme un mal nécessaire, n’avait guère de conséquences, les deux organisations manquant de cadres pour développer une activité significative au niveau de leurs membres.

Ces sentiments antiallemands n’excluaient pas que l’on admirait, que l’on respectait certaines qualités allemandes : l’efficacité, la discipline. Au cinéma, il n’y avait que des films allemands, en général du type “leichte Unterhaltung”, œuvres complètement déconnectées de la guerre. Les vedettes allemandes, les Greta Garbo, Marlène Dietrich, Marika Rökk, Ilse Werner, les Heinz Rühmann, Théo Lingen ou Hans Moser étaient populaires, leurs films apolitiques.

Chaque séance de projection était cependant précédée par une “Wochenschau” glorifiant le régime et les faits de guerre allemands.

Mais question difficile aussi.

L’issue de la guerre a longtemps été incertaine, quelle que soit l’opinion affichée de part et d’autre. En rétrospective, la défaite allemande n’était devenue hautement probable que lors de l’entrée en guerre des Etats-Unis. Auparavant, les Luxembourgeois s’assuraient, certes, entre eux, de leur confiance dans la défaite ultime des Allemands, mais nombreux devaient être ceux qui, en catimini, en doutaient, tant le soldat allemand paraissait invincible.

Il faut rappeler à cet égard que nous vivions à l’époque dans un environnement totalement germanisé. Dans l’espace public, toutes les inscriptions étaient en allemand. Les noms de rues, les enseignes commerciales, les uniformes étaient allemands. Les journaux l’étaient aussi, même si les anciens titres luxembourgeois, si en allemand, avaient été conservés. On n’entendait plus un mot de français, était coupé de l’extérieur, ne pouvait se rendre à l’étranger sauf qu’en Allemagne, ce que l’on évitait de faire. La propagande allemande était omniprésente, envahissante.

Ma famille ne devait pas se trouver en odeur de sainteté auprès des Allemands. Mon père avait été en prison, un oncle déporté avec sa famille, un cousin réfractaire. Je me demandai souvent ce qui nous arriverait en cas de défaite des Anglais. La déportation vers l’Est pour y germaniser les terres prises aux peuples slaves ? Pouvait-on espérer que, la guerre définitivement gagnée, le régime nazi allait s’amadouer ?

Je n’étais certainement pas le seul à me poser de telles questions. Mais on n’en parla pas, c’était trop démoralisant, défaitiste.

Autre réflexion : des historiens mettent aujourd’hui en question la motivation de ceux qui se soustrayaient au service militaire allemand, soit un bon quart des appelés. Ils risquaient pourtant gros s’ils étaient pris par les Allemands, tout comme ceux qui les cachaient.

On prétend que la peur du front russe aurait été la cause prépondérante du nombre élevé des réfractaires et non pas l’horreur de servir sous l’uniforme allemand. La peur du front russe a certainement joué un rôle important dans ces décisions tout comme, dans un sens contraire, la quasi–certitude que si on désertait, si on se dérobait à la conscription, la famille allait être déportée et tous ses biens confisqués.

Mais ce dont les commentateurs d’aujourd’hui ne se rendent apparemment pas compte, c’est qu’en cas de victoire allemande, les réfractaires couraient de terribles périls. Leurs familles, même si déportées vers l’Est, allaient probablement survivre mais quelle allait être la situation des réfractaires ? Sans papiers d’identité, traqués par les autorités, où allaient-ils se cacher ? Comment survivre ?

Si dans toute décision la motivation peut inclure une part de subconscient, donc individuelle, on doit cependant admettre que d’une façon générale, pour devenir réfractaire, il fallait être convaincu de la victoire alliée. En cas de victoire allemande, s’être soustrait à la conscription allemande ou avoir déserté allait se révéler comme suicidaire.

Lorsque les Allemands avaient introduit le service militaire obligatoire, la question de savoir comment y réagir se posa dans beaucoup de familles. L’incorporation dans la Wehrmacht était normalement précédée par un service de 6 mois dans l’« Arbeitsdienst » à la suite duquel un bref « Heimatsurlaub » précéda le service militaire proprement dit. La décision cruciale de décider comment réagir pouvait ainsi être retardée de six mois, gain de temps précieux permettant d’espérer un retournement de la situation. Plus tard, face au nombre de ceux qui disparaissaient dans la nature après leur retour del’« Arbeitsdienst », ce congé fut aboli. Nombreux étaient alors ceux ainsi qui se trouvaient ainsi piégés.

J’ai forcément participé à des conciliabules entre camarades se trouvant sous la menace d’un prochain enrôlement. Les avis étaient partagés mais je ne me souviens pas que le danger d’une victoire allemande ait été évoqué. Personnellement je ne l’ai pas envisagé, contrairement au début de la guerre, c’était devenu une hypothèse exclue. Je crois qu’il en était de même pour la plupart de mes camarades.

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J’arrête ici mon argumentation à propos de ce que fut le comportement des Luxembourgeois pendant l’occupation. Que l’on me permette cependant encore quelques mots sur l’après-guerre. À cet égard, j’accepte volontiers qu’après la Libération,on ait quelque peu glorifié ceux qui avaient combattu l’ennemi, lui avaient résisté activement, risqué leur vie, l’avaient parfois perdue.

Mais cela n’était pas spécifique au Luxembourg. Pendant la guerre, la propagande patriotique était de mise des deux côtés du conflit. Après leur victoire, les Alliés ont continué à fêter leurs héros, vainqueurs et vaincus à pleurer leurs victimes. Je ne pense pas que le Luxembourg se soit particulièrement distingué à cet égard. On peut aussi supposer que dans le récit de qui s’était passé, on a eu tendance, de part et d’autre, à glorifier ce qui était positif, et à ne pas trop insister sur ce qui l’était moins. Ici encore, cela ne fut certainement pas spécifique à notre pays, bien au contraire.

J’admets finalement sans problème que la perception de notre pays, de ses institutions, de son histoire ait évolué au cours des 50 ou 75 années passées. Ce qui m’afflige, c’estl’affirmation que ce changement ne serait devenu apparent que grâce au démasquage d’une fiction, que cette fiction, que ce mensonge aurait en plus été l’œuvre d’une clique, d’une « élite », d’une conspiration, voulant accréditer des idées qu’ils savaient fausses.

Une telle assertion me paraît saugrenue, irréaliste, surprenante.

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Après ce plaidoyer, j’entends donc mettre fin à ma participation à une discussion que l’on ne peut même plus qualifier de nationale tant elle a lieu dans une indifférence de plus en plus générale. D’autres préoccupations, d’autres souvenirs retiennent aujourd’hui l’attention des Luxembourgeois. D’autres historiens passeront aussi un jour l’histoire de l’occupation du pays au crible des informations à leur disposition. À leur tour, ils essayeront ausside se démarquer des opinions de ceux qui les ont précédés.

C’est la vie…

Pour terminer, voici encore deux anecdotes qui, à mon avis, illustrent, chacune à leur façon, l’état d’esprit des Luxembourgeois pendant la guerre.

Un jour de dimanche j’assistais au “Stadion” de la route d’Arlon à un match de football opposant l’équipe du “Stadt Düdelingen”, ci-devant le “Stade” de Dudelange, à l’équipe prestigieuse de “Schalke”, célèbre à l’époque pour son “Kreiselspiel”. Cela a dû se passer vers la fin de 1940 ou en 1941, avant l’attaque de l’Union soviétique probablement.

À ceux qui s’étonnent aujourd’hui du fait que les Luxembourgeois faisaient du sport pendant l’occupation, il faut dire qu’à beaucoup d’égards « la vie continuait » pendant la guerre. Si on voulait jouer au foot, faire partie d’un orchestre ou chanter dans une chorale, participer ouvertement à la moindre activité collective, il fallait le faire dans un cadre contrôlé par les Allemands. Pour les Luxembourgeois, la rencontre “Schalke-Stadt Düdelingen” était en tout cas un événement de taille: le Luxembourg allait affronter l’Allemagne !

Le stade était archiplein, je me trouvais face à la tribune officielle, tout en haut des gradins. Près de moi se trouvaient quelques soldats allemands, heureux de pouvoir assister à un bon match de football. L’ambiance était survoltée. Dès que les Allemands avaient le ballon, le stade était plein de sifflements, de huées, lorsque les Luxembourgeois en avaient la possession, les encouragements fusaient.

Je ne me souviens pas de l’issue de la rencontre mais je me rappelle avec acuité d’une scène incroyable : Michaux, le gardien de but luxembourgeois, venait de s’emparer du ballon et de le réexpédier d’un coup de pied puissant vers l’avant. Un attaquant allemand se trouva encore près de lui, retournant calmement vers le milieu du terrain, tournant donc le dos à Michaux tout comme le fit l’arbitre. Cédant sans doute à une impulsion irrésistible provoquée par l’ambiance, Michaux se précipita vers l’attaquant allemand et lui donna un vigoureux coup de pied au derrière. Hurlements enthousiastes, le joueur allemand se retourna, tout éberlué, l’arbitre n’avait rien vu, Michaux regagnait calmement sa cage, les soldats allemands se regardaient incrédules : que se passait-il, ils se trouvaient où ?

On raconta plus tard, après la Libération, qu’à la suite de son « exploit », Michaux s’était réfugié en Angleterre et y avait rejoint les forces alliées.

Je ne sais pas si c’est vrai, mais le coup de pied, je l’ai vu.

Il y a d’autres anecdotes qu’on pourrait évoquer ici, dont celle de notre maitre boucher qui, dès le début de l’occupation, commença à prendre des leçons d’anglais « pour pouvoir parler aux soldats américains lorsqu’ils viendront nous libérer ».

Mais voici une petite anecdote qui, je l’espère, déridera le lecteur même si, par ailleurs, peu convaincu par ma prose.

Un jour, probablement en 1941, après le retour de mon père de prison, il rejoignit la table familiale, rayonnant de joie. Il venait de prendre l’apéritif  au « Grand Café », à l’époque l’établissement emblématique de la place d’Armes mais ayant certainement dû changer de nom. Y officiait « Jean », gilet noir, tablier bleu, le prototype même du garçon de café parisien.

Un convive, voulant passer commande, l’appela: « garçon » … Jean, se tenant à quelques pas du client, bien droit comme toujours, lui tournant le dos, ne bougea pas. Le client insista : « garçon ! » … rien n’y fît, Jean resta immobile.

Alors le client, se rappelant que l’emploi du françaisétait défendu, d’appeler : “Herr Ober!”… et Jean de pivoter sur lui-même et de se précipiter vers l’appelant, la serviette blanche pliée sur son avant-bras gauche et s’exclamant d’un tonitruant : « voilà, voilà… »

Jean Hamilius, en avril 2018

PS: Après sa parution dans ce blog, cet article a été reproduit dans le l’édition de mai 2018 du mensuel “forum”. Entretemps et par acquit de conscience, craignant aussi que j’y aie été, au goût d’aujourd’hui, trop patriotique, j’ai soumis le texte à quelques connaissances ayant, elles aussi, vécu l’occupation.

Résultat: approbation totale mais, en partie, accompagnée d’amers commentaires à propos du jugement souvent porté aujourd’hui sur la conduite des Luxembourgeois. Certains m’ont reproché, face à une doxa considérée comme fallacieuse, d’avoir été bien trop lénifiant dans mes propos, d’autres les ont considérés, quoique pertinents, comme vains, préconisant d’abandonner un débat douloureux devenu stérile et dépassé.

Cela étant dit et sans toucher au fond, j’ai apporté au texte publié par le “forum” quelques modifications, avant tout d’ordre grammatical ou clarifiant mes propos. L’article reproduit ci-dessus en tient compte.

J.H., fin mai 2018

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