2.02 Du droit de vote des étrangers et de l’identité nationale

Une débat qui ne fait que commencer.

Un plaidoyer pour le maintien de l’identité nationale luxembourgeoise.

En 2013, lors de la rédaction de mes souvenirs, je me suis demandé quel genre de société il fallait souhaiter au Luxembourg. J’estimais alors que les Luxembourgeois, en attendant l’émergence d’un sentiment national européen, avaient avantage à rester une nation, un peuple. Cela pour deux raisons.

D’abord parce que la plupart des Hommes ont le profond besoin de se sentir membres d’un ensemble, de faire partie d’une communauté. Or il faudra encore des décennies avant que les descendants des Français, des Italiens ou Polonais d’aujourd’hui se sentent avant tout européens, que l’Europe soit devenue (presque) une nation, peut-être même un vain espoir. Quoi qu’il en soit, je souhaitais que les descendants des Luxembourgeois d’aujourd’hui puissent, en attendant que l’avenir de notre Union se précise, continuer à se sentir Luxembourgeois, membres d’une communauté nationale reconnue par les autres pays.

Ensuite je me demandais aussi comment notre pays serait perçu et donc traité par l’Union européenne s’il avait perdu son identité nationale, s’il apparaissait comme si la majorité de ses habitants se sentaient liés au pays par des intérêts uniquement matériels. Malgré les espoirs pouvant être associés à la perspective que le pays devienne un jour «district européen» j’étais d’avis qu’il était de l’intérêt de tous les habitants de notre pays et même de ses frontaliers, que notre identité nationale et, en particulier notre langue, soient préservées.

Le fait que la question du droit de vote des étrangers allait être l’objet d’un referendum, a ensuite changé quelque peu ma position. J’ai commencé à craindre que la victoire du «non» donne lieu à un nouvel «Luxembourg bashing» de la part de la presse internationale. Sans égard pour la législation des autres pays, n’allait-elle pas être tentée de critiquer notre attitude «chauvine et rétrograde», alors qu’on venait de refuser le droit de vote actif à ceux qui, pourtant, contribuent majoritairement à la richesse du pays ?

On verra ce qui se passera.

Du côté national, la victoire écrasante du «Non» étant acquise alors que nos élites politiques, surtout celles de gauche (desquelles je me sens proche) étaient majoritairement pour le «oui», une nouvelle ronde de  «soulsearching» national pourra débuter. Et en haut lieu on devrait se demander aussi si ce referendum fut une bonne idée.

Mais cette consultation a fortement stimulé le débat politique dans notre pays. En concentrant nos discussions sur l’organisation de notre société, elle en a peut-être même renforcé la cohésion. Pour ma part je ne peux que dire ma conviction que l’on a pu répondre à ce referendum par «oui» ou par «non» tout en restant «e gudde Lëtzebuerger».

JH, au soir du 7 juin 2015

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