4.01 Le piège tendu par Daech

Il est important de ne pas confondre Musulmans et Islamistes.

L’importance des reportages dans la presse sur les attentats commis en Europe par Daech, le climat d’insécurité ainsi promu amplifiant les réactions politiques à ces attentats et l’animosité envers les minorités musulmanes, décourageant ainsi leur intégration et les ressoudant dans leur isolation, serait-ce le but recherché par l’État islamique?

Comment réagir aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris ?

Les attentats du vendredi 13 novembre 2015 à Paris, qui ont causé la mort de plus de cent vingt personnes, aussi atroces qu’ils soient, ne devraient pas empêcher, au-delà de l’émotion et du désir de vengeance, de réfléchir sereinement sur la question de savoir comment contrer efficacement de telles agressions.

Lorsqu’un avion russe fut victime d’un acte terroriste dans le Sinaï, Moscou suspendait le départ de ses vacanciers vers l’Égypte et rapatria ceux qui s’y trouvèrent. La Grande Bretagne lui emboîta le pas.

Ce fut et cela reste néfaste pour l’Égypte, cible première de l’attentat, son Gouvernement poursuivant les Frères musulmans proches des intégristes islamiques. La Russie et la Grande Bretagne ont ainsi amplifié l’impact de l’attentat.

Les attentats à Paris ont eu comme réaction première la fermeture d’établissements aussi bien que l’annulation d’évènements impliquant des concentrations de gens pouvant servir de cible aux terroristes. Ils ont ensuite conduit à une surveillance générale, souvent paralysante. Réactions vraisemblablement anticipées et voulues par les instigateurs de ces crimes.

Daech veut punir la France pour ses frappes aériennes contre l’État islamique, En y perpétrant des attentats, il espère causer d’importantes disruptions dans la vie des Français, d’y attiser les sentiments xénophobes, d’empêcher l’intégration des Arabes, de les raidir dans leurs convictions religieuses.

Au-delà de l’intervention immédiate des forces de sécurité, des secours médicaux, comment réagir d’une façon générale? Quelles sont les mesures à prendre sur le plan national, par l’Union Européenne? Le conflit avec l’EI risque de durer, les dangers qui en émanent le feront autant. Nous devons donc être préparés à maintenir notre vigilance dans la durée, pendant des ans probablement. La nature de notre riposte doit en tenir compte.

Les mesures prises actuellement, par leur coût financier, par les entraves aux activités économiques, les atteintes à la vie privée et aux libertés des personnes, ne pourront être maintenues dans la durée.

Mais lorsqu’on sera forcé à les rendre moins contraignantes, à baisser la garde, on risque des frappes terroristes nouvelles. Il faut donc chercher à atteindre le mal dans ses racines, priver les terroristes de leurs ressources financières internationales, bannir de l’Europe un enseignement religieux qui prêche l’intolérance, menace de mort l’apostasie, de lapidation de l’épouse infidèle.

Une réaction dangereuse, pourtant envisagée en haut lieu, serait de fermer les frontières nationales, de tourner le dos à l’Union Européenne, de nous enfermer, chacun de son côté, pour défendre le pré national respectif. Ce serait donner la victoire à Daech, tomber niaisement dans le piège qu’il nous tend.

Il doit y avoir d’autres possibilités pour s’attaquer aux causes des malheurs que vient d’éprouver la France.

Ainsi on reste rêveur lorsqu’on apprend que la majorité des Imams de France ne sont pas français, que la plupart des mosquées en France sont financées par les Salafistes de l’Arabie saoudite et des émirats du Golfe.

Et c’est en vain que l’on attend jusqu’à présent dans ce débat la voix de l’Islam tolérant. Sauf, il est vrai, de quelques courageuses exceptions.

Les imams de France, d’Europe, ne devraient-ils pas lever, haut et fort, leurs voix pour condamner tout terrorisme, pour déclarer dépassés les enseignements d’un autre temps, contraires aux Droits de l’homme?

En France l’incitation à la haine raciale est considérée comme criminelle. Que faut-il penser alors du wahhabisme?

Les imams de France demandent que l’on ne fasse pas l’amalgame entre les terroristes et les autres Musulmans. C’est révélateur, cela veut dire en effet qu’à leurs yeux il y a des Musulmans pacifiques, bons citoyens français et qu’il y en a d’autres, meurtriers. Mais ils se gardent apparemment de prendre parti, d’exprimer un soutien public aux uns ou de condamner les autres!

Si on reproche aux Imams leur silence, ils répondent qu’ils n’ont pas à se désolidariser publiquement de la barbarie djihadiste puisqu’ils n’en sont pas les auteurs. On pourrait donc commettre des crimes en se réclamant de l’Islam sans que cela concerne ceux qui en sont les représentants attitrés?

Il est cependant une réflexion avec laquelle on est, heureusement, généralement d’accord. C’est qu’il faut se méfier d’une intervention armée terrestre, réaction malencontreuse qui a grandement contribué aux drames actuels. À cet égard, les leçons du passé sont claires: s’il faut aider ces peuples à se débarrasser de leurs démons, à se doter d’institutions décentes, on doit s’abstenir d’y envoyer des forces terrestres. À moins que cela se fasse sous l’égide des Nations Unies et avec la participation significative d’États arabes.

On en est loin.

Nous devons donc nous garder de tomber dans les pièges que nous tend l’Islam intégriste, de conférer à nos réactions un caractère anti musulman. Nous devons maintenir l’ouverture de notre société, poursuivre l’édification d’une Europe forte et unie, maintenir un haut degré de vigilance tout en préservant l’essentiel de nos libertés personnelles.

Est-ce vraiment contradictoire?

JH, en novembre 2015

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