2.09 Voter “vert” aux élections européennes?

Suite au départ de Nicolas Hulot du Gouvernement français, faut-il en conclure que l’économie de marché est incompatible avec la protection de l’environnement?

La démission de Nicolas Hulot devrait soulever avec une force accrue la question de savoir si le modèle dominant de société chez nous, celui de l’économie de marché , est compatible avec la préservation de la nature et la sauvegarde de nos ressources naturelles, de notre environnement.

À chacun aussi de s’interroger si son comportement personnel, celui de son entourage, correspondent aux exigences des “Verts” en général et de Nicolas Hulot en particulier.

Je ne jette pas de déchets dans la rue, je les trie avant de les mettre aux poubelles, j’économise aussi l’eau (modérément) et je ne critique pas les augmentations successives du coût de l’essence. Cela fait-il de moi un consommateur responsable? Si tout le monde faisait pareil, la catastrophe environnementale qu’appréhendent les écologistes, le réchauffement planétaire, la pollution des océans, les ravages causés par les pesticides, ces risques seraient-ils maitrisés? La réponse risque d’être NON.

Alors que faire?

La première fois que je fus concrètement confronté à ce type de questions, fut lorsque, jeune député, j’écoutais l’argumentation de nos premiers députés écologistes. Ils fustigeaient, comme ils le font encore aujourd’hui, les conséquences néfastes causées par nos entreprises industrielles, à l’époque avant tout sidérurgiques, déploraient la pollution de l’atmosphère et des rivières qui en résultait, le manque aussi d’une réglementation préventive et de contrôles adéquats.

Ils avaient raison en principe, mais pouvait-on imposer à notre industrie des mesures ne s’appliquant pas à leurs concurrents étrangers, augmenter ainsi leurs prix de revient, diminuer leurs bénéfices et partant les recettes fiscales, menacer l’emploi? Comment financer alors les mesures sociales, tel le relèvement du salaire minimum, réclamées par les collègues socialistes (lorsqu’ils se trouvaient dans l’opposition)?

Dans mon for intérieur j’approuvais les Jupp Weber et consorts, mais en pratique je ne les suivais pas. Il me parut que dans un grand pays, tel la France, une politique écologique pionnière pouvait être envisagée mais que chez nous on devait se limiter à suivre l’exemple des grands: on était trop petit pour faire cavalier seul.

Une raison de plus, pour moi et à l’époque, d’être pro-européen.

Ce qui me parut vrai alors me le paraît avec bien plus de force encore aujourd’hui. En écologie comme dans d’autres domaines, un progrès, dramatiquement nécessaire, n’est possible qu’en commun, en l’occurrence si imposé, pour le moins, dans toute l’Union Européenne. Cela même si nos capacités concurrentielles au niveau mondial en pâtissaient. Une Europe unie devrait être capable de se comporter de façon à permettre aux générations futures de jouir de conditions de vie correctes.

À se demander alors s’il ne faudrait pas voter “écolo” aux prochaines élections européennes! À se demander aussi comment réagiraient les souverainistes de tout poil qui vouent l’Union Européenne aux gémonies, s’ils se trouvaient aux commandes d’États européens “indépendants et souverains”?

À parier qu’ils verraient alors rapidement les limites d’une telle liberté d’action nationale. Ils constateraient leur peu de poids dans un monde dominé par des “grands”, tels les États-Unis, la Chine ou encore la Russie. Subissant les conséquences néfastes de la détérioration de leur environnement, à parier qu’ils se verraient alors forcés de rechercher des alliances avec d’autres États européens, comme eux “souverains”  et souffrant du changement climatique mais sans poids politique réel. En d’autres mots, ils se verraient réduits à recoller l’unité politique européenne qu’ils venaient de mettre à plat. Cela à moins de se placer sous la haute protection d’un “grand”: la Pologne satellite de la Russie?

L’homme n’apprend-t-il donc pas de l’histoire, faut-il toujours commettre les mêmes erreurs, l’histoire tourne-t-elle en rond, sans progrès réel?

Il faut craindre, hélas, que cette fois ci, il n’y aura pas de seconde chance pour l’Europe!

JH, en août 2018, légèrement remanié depuis lors.

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