La définition du revenu en dessous duquel on est censé être pauvre au Luxembourg conduit à des conclusions douteuses.
Une fin d’année est l’occasion pour jeter un regard sur l’évolution sociale au cours de l’année écoulée. Ainsi il paraît qu’en 2015 il nous faut de nouveau déplorer que la pauvreté a progressé dans notre pays. Du moins c’est ce que nous apprennent nos organisations caritatives et syndicales, la presse s’en faisant l’écho, les milieux politiques leur emboîtant le pas. *)
Que faut-il penser de ce constat navrant?
La pauvreté est mesurée chez nous par le pourcentage de la population ayant un revenu inférieur à 60% du revenu moyen. Est-ce une méthode fiable? Pour le savoir soumettons-la à des hypothèses extrêmes.
Demandons-nous, par exemple, quelle serait l’évolution de la pauvreté ainsi mesurée si, sans toucher aux revenus des Luxembourgeois, le revenu moyen subissait des changements importants. Exemple: quelques émirs et de cheikhs du Golfe, tous avec des revenus incroyables, ont choisit d’établir leur domicile fiscal chez nous.
Résultat: le revenu moyen luxembourgeois bondit vers le haut et, forcément, le nombre de ceux ayant un revenu inférieur à cette moyenne devenue d’un coup plus élevée en fait de même. La pauvreté au Luxembourg s’est alors accrue, statistiquement parlant, sans qu’aucun Luxembourgeois n’ait subi le moindre perte de pouvoir d’achat!
Autre hypothèse extrême: par miracle le revenu de tous les résidents s’est décuplé, toutes autres choses restant égales.
Résultat: le degré de pauvreté n’a pas changé d’un iota alors que la plupart des ci-devant pauvres ont soudainement les moyens de passer leurs vacances de Noël dans les palaces de New York.
Troisième essai: et si par malheur tous nos revenus baissaient d’un pourcentage uniforme, quelles en seraient les conséquences? Eh bien, le degré de pauvreté ne changerait pas non plus alors que nous croupissons presque tous dans la misère.
Elle est donc très curieuse, cette façon de déterminer l’évolution de la pauvreté! En vérité, elle ne reflète d’aucune façon l’évolution de la pauvreté mais surtout celle de la répartition des revenus.
En allemand on parlerait d’un Etikettenschwindel.
Face à ce défaut manifeste, on se demande pour quelles raisons on n’a pas défini un revenu minimum permettant de vivre chichement, certes, mais sans se trouver pour autant dans la misère et d’indiquer ensuite le pourcentage de la population n’atteignant pas ce revenu minimum.
Faute de correction de cette incongruité statistique, os est assuré que la “pauvreté” se maintiendra chez nous à un niveau alarmant quel que soit l’évolution de la pauvreté réelle.
J.H. en décembre 2015