Une question qui devrait intéresser croyants et non-croyants.
La réglementation du port d’insignes religieux et des mœurs vestimentaires tel le burkini (article 2.05), posent la question générale de savoir si les religions dues à une révélation divine et donc figées au départ, sont à même de s’adapter à l’évolution de la société.
Puisque en Europe ce sujet pose avant tout problème avec les exigences de l’islamisme intégriste, abordons-le donc sous cet angle particulier.
Une première question vient alors à l’esprit : Allah, omniscient, s’est-il adressé à Mohammed en tenant compte des connaissances fort limitées de l’époque, des particularités de la société dans laquelle évoluait le peuple du Prophète ? Si oui, ne devrait-on pas accepter alors qu’aujourd’hui une telle adaptation devrait aussi être permise ?
Pour un musulman, surtout d’obédience intégriste, un tel questionnement est aberrant : par l’entremise de l’archange Gabriel, Dieu a transmis sa volonté au Prophète et celui-ci l’a communiquée à ses proches. Le Coran est ainsi la Parole de Dieu rapportée par le Prophète et consignée ensuite par écrit. Mohammed a en plus révélé qu’il était le dernier Prophète, son message est donc final, il y en aura plus d’autre. Or on n’adapte pas la Parole de Dieu au gré des circonstances !
Le débat serait-il alors clos avant d’avoir commencé ?
En consultant l’histoire, on apprend qu’il y a eu plusieurs versions du Coran, concurrentes les unes des autres, ayant parfois donné lieu à des luttes sanglantes. Il en a été de même de la volonté du Prophète concernant sa succession, opposant encore aujourd’hui Sunnites et Shiites. Cette existence persistante d’une controverse au sujet des révélations et des volontés du Prophète devrait faire espérer que sur un sujet aussi anodin que la façon de s’habiller, une évolution devrait être possible.
Un tel questionnement se présente autrement pour les Juifs et les Chrétiens : Dieu a dicté les Dix Commandements à Moïse et, à moins que je me trompe, ce sont-là les seules Paroles doctrinales de Dieu dans l’Ancien Testament, commun aux Juifs et aux Chrétiens. Pour ces derniers ce constat est aussi valable pour le Nouveau Testament : les paroles de Jésus ont été transmises par les Évangélistes, sont donc des textes dont les auteurs furent des hommes.
Mais les religions juive et chrétiennes, elles aussi, ont depuis lors été “coulés dans l’airain” et là encore toute révision est devenue extrêmement difficile.
Revenons donc à notre question initiale : les religions devraient-elle s’adapter à l’évolution de la société ?
Les religions juive et chrétiennes le font, de fait si pas de doctrine. Il faut espérer qu’en Europe, ou beaucoup de musulmans sont en faveur d’un tel Islam moderne, cela puisse se faire aussi pour l’Islam.
Remarquons à ce sujet que certaines injonctions du Coran et de la Sharia sont tellement inacceptables qu’en Europe du moins, la question de leur application ne se pose pas : la loi nationale s’y impose à tous, puissants ou faibles, peu importe leurs croyances et convictions.
JH, en novembre 2019
Remarque : le présent article n° 16 modifie un texte précédemment publié.