2.23 À propos de la fraude fiscale.

La persistance avec laquelle une partie de notre presse écrite continue à fustiger un homme politique ayant fraudé le fisc laisse rêveur. Cet acharnement est-il dû uniquement à l’opprobre qu’inspire la fraude fiscale ?

Quoiqu’il en soit, moralement on ne peut pas  désapprouver ces critiques.

Cette polémique me rappelle mes débuts professionnels, pendant les années 1950 et 1960, comme expert fiscal,  Je me souviens ainsi d’un éditorial du Luxemburger Wort dans lequel il était affirmé que frauder le fisc n’était pas immoral, le barème fiscal étant d’une sévérité exagérée pour compenser les tricheries inévitables des contribuables !

Rappelons à ce sujet qu’après la guerre nous avions gardé la législation fiscale introduite chez nous par les Allemands. Elle était d’une rigueur et d’une perfection bien supérieure à la nôtre et le coût de la réparation des dégâts causés par l’offensive Rundstedt était considérable. Il fallait payer !

 En plus, contrevenir à une loi allemande ne pouvait être répréhensible !

À l’époque la fraude fiscale était vraiment endémique chez nous et ne soulevait guère d’opprobre. Difficile pour les salariés, la fraude était fréquente chez les commerçants et les professions libérales. Il arrivait même que des fonctionnaires de l’Administration des contributions rédigent les déclarations de commerçants, empochent pour ce service des honoraires, sans en payer l’impôt, bien entendu, et imposent ensuite les déclarations qu’ils avaient rédigées.

Comportement heureusement  impensable aujourd’hui.

Cependant, travailler au noir, ne pas déclarer son aide-ménagère, doivent exister encore aujourd’hui.

Et finalement: l’État et les communes se comportent parfois vis à vis des administrés d’une façon tellement vexante, ressentie comme tellement injuste, que ceux-ci s’en défendent comme ils le peuvent. Recourir à la fraude peut leur paraître alors, à tort bien entendu, relever d’une légitime défense.

Mais concluons sur une note plus réconfortante: cette excursion dans le civisme des contribuables fait penser au soussigné que la mansuétude à l’égard de la fraude fiscale est devenue inavouable, même entre amis.

JH, le 16.06.2024

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