3.20 Du « Madoff » chez nous ?

Voici une “lettre à la rédaction” parue au “Luxemburger Wort”, le 24 juin 2023, que j’insère dans ce blog afin de pouvoir m’y référer pour le cas où, lors de la campagne électorale ou des programmes des partis, cela s’avérait intéressant.

Voici le texte de cette lettre:

“Dans le „Wort“ du mercredi 7 juin se trouve un article intitulé “Luxemburgs Visionen und die Baustellen auf dem Weg dorthin”. Les visions luxembourgeoises de développement donc et comment les réaliser. Il s’agit  de l’état actuel des travaux d’une commission chargée par le Gouvernement de cette prospective.

La Commission envisage trois scénarios de  développement, dont celle d’une croissance soutenue, redoutée par le soussigné.

Pourquoi cette appréhension? En simplifiant et en résumant, voici :

L’équilibre de notre régime contributif d’assurance-vieillesse requiert que le nombre des membres cotisants excède celui des pensionnés. Comme les cotisants deviennent ensuite des pensionnés, on se trouve ainsi devant un besoin permanent de croissance, besoin renforcé par l’augmentation de la durée de vie moyenne. C’est la définition d’une croissance tendant vers l’infini, à terme vouée à l’échec. Un système qui rappelle les manipulations frauduleuses des Ponzi et Madoff.

Jusqu’aujourd’hui, ce besoin de croissance a été couvert par l’augmentation du nombre des cotisants soutenu par un soutien financier croissant de l’État. Cette croissance démographique a provoqué dans notre pays des conséquences qu’on peut saluer ou regretter, mais les espaces verts y ont diminué au profit des zones urbaines, l’insuffisance des infrastructures, publiques et privées, n’a pas été maitrisée, le caractère même de la population a changé : Les Luxembourgeois risquent devenir minoritaires.

Or il n’est, à la longue, guère admissible que dans un État démocratique une minorité détienne les pouvoirs politiques. Le droit de vote, passif et actif, devra donc, tôt ou tard, ou bien être accordé aux résidents étrangers ou bien l’accès à la nationalité luxembourgeoise devra être grandement facilité.

Lorsque la réforme du régime de pension contributif sera devenue incontournable, les employés privés accepteront-ils que leur âge d’entrée en pension soit retardé, que leurs cotisations soient augmentées ou encore que leurs pensions soient réduites ? Accepteront-ils que la différence entre leur régime et celui de la fonction publique non seulement perdure mais croisse, n’exigeront-ils  pas que les deux régimes soient harmonisés ?

Belles perspectives, mais que faire? Décourager tout ce qui augmente la croissance démographique, surtout si elle s’avère essentiellement quantitative et menace diminuer le revenu moyen? Mais comment freiner une croissance démographique essentiellement quantitative alors que les règles de l’UE ne le permettent guère, sauf pour des raisons écologiques qui concernent surtout le secteur industriel. Mais allons-nous décourager prioritairement le développement de notre secteur industriel déjà à la peine ?  Et, en freinant la croissance, ne risque-t’on pas d’en faire trop, de tomber dans la régression ?

Autant de raisons pour ne plus retarder la réforme. Plus on attend, plus ce sera douloureux !

La présentation des conclusions de la Commission gouvernementale est prévue pour les 26/27 septembre prochain. Les élections législatives auront lieu le 8 octobre.

Coïncidence fortuite ?

Jean Hamilius”

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