4.24 France: la réforme des retraites.

Ce qui se passe actuellement en France, ces grèves massives à répétition laissent rêveur. On comprend que lorsqu’on annonce à brûle-pourpoint à quiconque qu’il devra travailler plus longtemps avant de pouvoir entrer en pensions sans que celle-ci soit augmentée pour autant, il se rebiffe. Mais si on lui rappelle que les pensions sont en principe financées par les cotisations et qu’à la suite de l’augmentation de la durée de vie, la durée pendant les pensions sont servies, donc leur coût, a augmenté aussi, il devrait comprendre qu’effectivement il y a problème.

Ce déficit grandissant a été couvert jusqu’ici en prenant recours soit à l’augmentation de l’impôt soit à l’endettement public. Or il a des limites à la pression fiscale aussi bien qu’à l’endettement public.

Pour permettre que les pensions puissent continuer à être financées par les cotisations, plusieurs solutions se présentent : augmenter le taux des cotisations, retarder l’entrée en pension, diminuer les pensions, ou encore un cocktail de ces mesures. Quelque soit le choix, il ne sera pas le bienvenu. Mal présenté, on lui résistera, risquant de provoquer de graves problèmes sociaux.

Jusqu’à présent les Gouvernements successifs de la France se sont gardés de toucher à ce dossier redoutable. Que le Gouvernement actuel le fasse est donc méritoire. Que l’opposition à la réforme se garde d’avancer des contre-propositions ne l’est pas. 

Alors pourquoi cet article ?

Le soussigné vient de tomber sur une interview accordée par Annie Ernaux, prix Nobel, au Spiegel (04.02.2023). Cette interview est un exemple de ce comportement de la majorité des. Français. Certainement très intelligente et profondément solidaire des classes sociales dépourvues de ressources autres que celles de leur travail, Madame Ernaux a été solidaire des Gilets jaunes tout comme elle l’est des grévistes d’aujourd’hui. Mais elle ne se pose apparemment pas la moindre question sur les conséquences d’une absence de réforme du système de pension français actuel. Etonnant!

En tant que luxembourgeois on est tenté de voir dans la réaction négative des Français aux propositions de réforme de leur Gouvernement une particularité française. Nous devrions nous en garder : notre système de pension pose également un problème. Sans réforme il implique une croissance continue des cotisants, donc de notre croissance démographique et, partant, des conséquences de celle-ci. Parmi ces conséquences se trouve la pénurie des logements qui risque d’être pérenne.

Rares sont ceux qui se rendent compte de cet enchainement, de cette obligation néfaste de croissance, qui se rendent compte qu’une croissance permanente mène en plus à l’infini, est impossible. Lorsqu’elle finira ou se ralentira, les changements qu’elle aura provoqués dans le pays seront malheureusement devenus irréparables: la France a des problèmes, le Luxembourg aussi.

À chacun de balayer devant sa porte !

JH, le 13 février 2023

 

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