Une affaire dont il est difficile à juger.
Il y a des années Monica Semedo m’a interviewé, à la radio ou à la télévision, je ne me le rappelle plus. C’est le seul contact que j’ai eu avec elle. Je ne la connais donc guère mieux que ne le font la plupart des Luxembourgeois. En tant que membre du Parti démocratique (DP) et ancien membre du Parlement (PE), cette affaire me met cependant mal à l’aise. Elle soulève, à mon avis, des questions, suscite des commentaires plus nuancés que les critiques qui fusent maintenant de toute part. D’où la présente.
D’abord, en résumé, ce que je crois savoir.
Monica Semedo est très connue au Luxembourg. Enfant prodigue à la télévision, jeune diplômée universitaire, elle revient à la télévision et y retrouve sa notoriété. Jusqu’alors politiquement inactive, elle est sol, licitée lors des dernières élections législatives par le CSV mais se porte candidate sur la liste DP. Un an plus tard, aux élections européennes, elle est élue en tant que membre du DP.
Éclate l’annonce que, suite à une décision du Comité de discipline du PE, Monica Semedo y est interdite de parole pendant 15 jours. Sanction rare apprise avec stupéfaction à Luxembourg. Suite à la communication du PE, la presse luxembourgeoise est presque unanime à considérer Semedo coupable d’avoir harcelé, d’une façon inadmissible, ses trois collaborateurs, les amenant à quitter leurs fonctions. Ils s’en ouvrent à la présidence du PE, démarche suivie par la suspension temporaire de Semedo.
Voici maintenant les quelques questions, les considérations que je me reprocherais de ne pas avoir soulevées dans ce blog.
Le harcèlement.
Depuis quelques années et à la suite de plusieurs affaires retentissantes, on a pris conscience que le harcèlement, sexuel, raciste ou moral, n’a pas été sanctionné comme il aurait dû l’être. D’où une sensibilité accrue, tardive mais justifiée, à de tels comportements.
Au Parlement Européen il doit y avoir eu du harcèlement bien plus grave que celui reproché maintenant à Semedo, sans que cela ait fait des vagues. Le Conseil de discipline du PE, conscient de cette sensibilité accrue, a-t-il voulu statuer un exemple, montrer qu’il a changé de vigilance?
Ressortissante d’un État membre fort petit, en plus paradis fiscal supposé, le cas Semedo était-il l’occasion idéale pour faire passer un message, une mise en garde?
La procédure.
La procédure suivie fut-elle contradictoire, l’accusée pouvait-elle se défendre, se faire assister? On ne le sait pas.
Le rapport du Conseil de discipline, comportant apparemment plus de cent pages, est confidentiel. Cela se comprend. Un collègue de Semedo vient cependant de douter publiquement que Semedo ait pu en prendre connaissance dans son entièreté. Si vrai, ce serait pour le moins étonnant.
La sanction ayant été publique, sa motivation ne devrait-elle pas l’être aussi ?
Conclusion
Le fonds de cette affaire regrettable me semble soulever des questions qui restent sans réponses et, partant, l’intensité du « Monica bashing » qui s’en est suivi, me parait compréhensible mais, pour le moins, prématurée.
Jean Hamilius
29.01.2021