2.21 L’affaire Monica Semedo

Une affaire dont il est difficile à juger.

Il y a des années  Monica Semedo m’a interviewé, à la radio ou  à la télévision, je ne me  le rappelle plus.  C’est le seul contact  que j’ai eu avec elle.   Je ne  la  connais donc guère mieux que ne le font la plupart des Luxembourgeois. En tant que membre du Parti démocratique (DP) et ancien membre du Parlement (PE), cette affaire me met cependant mal à l’aise. Elle soulève, à mon avis, des questions, suscite des commentaires plus nuancés que les  critiques qui  fusent  maintenant  de toute part. D’où la présente.

D’abord, en résumé,  ce que je crois  savoir.

Monica Semedo  est très connue au Luxembourg. Enfant prodigue à la  télévision, jeune  diplômée universitaire,  elle  revient à la télévision et y retrouve sa notoriété.  Jusqu’alors politiquement inactive, elle  est sol, licitée lors des  dernières élections  législatives par  le CSV mais  se   porte candidate sur la liste DP. Un an plus tard, aux élections européennes, elle est élue en tant que membre du DP.

Éclate  l’annonce que, suite à une  décision du Comité de discipline du PE, Monica Semedo y est interdite de parole pendant 15  jours. Sanction rare apprise avec stupéfaction à Luxembourg.  Suite à la communication du PE, la presse luxembourgeoise est  presque unanime  à considérer Semedo coupable d’avoir  harcelé, d’une façon  inadmissible, ses trois collaborateurs, les amenant à quitter  leurs fonctions. Ils s’en ouvrent à la présidence du PE, démarche suivie par   la suspension temporaire  de Semedo.

Voici maintenant les quelques questions, les considérations que je me reprocherais  de ne pas avoir soulevées dans ce blog.

Le harcèlement.

Depuis  quelques années et à la suite de plusieurs affaires retentissantes, on a pris conscience  que le harcèlement, sexuel, raciste ou moral, n’a  pas été sanctionné comme il aurait dû l’être. D’où une sensibilité accrue, tardive mais justifiée, à de tels comportements.

Au Parlement Européen il doit y avoir eu du harcèlement bien plus  grave que celui  reproché maintenant à Semedo, sans que cela ait fait des vagues. Le Conseil de discipline du PE, conscient de cette sensibilité accrue, a-t-il  voulu statuer un  exemple, montrer qu’il a changé de vigilance?

Ressortissante d’un  État membre fort petit, en plus paradis fiscal supposé,  le cas Semedo était-il l’occasion idéale pour faire passer un message, une mise en garde?

La procédure.

La procédure suivie fut-elle contradictoire, l’accusée pouvait-elle se défendre, se faire  assister? On ne le sait pas.

Le rapport du Conseil de discipline, comportant apparemment plus de cent pages, est confidentiel. Cela se comprend. Un collègue de Semedo vient cependant de douter publiquement que Semedo ait pu en prendre connaissance dans son entièreté. Si vrai, ce serait pour le moins étonnant.

La sanction ayant été publique, sa motivation ne devrait-elle pas l’être aussi ?

Conclusion

Le fonds de cette affaire regrettable me semble soulever des questions qui restent sans réponses et, partant, l’intensité du « Monica bashing » qui s’en est suivi, me parait  compréhensible mais, pour le moins, prématurée.

Jean Hamilius

29.01.2021

 

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