3.13 La croissance, coûte que coûte, de notre économie

Un problème fondamental pour l’avenir du pays.

Depuis des années, le Luxembourg, « un des pays les plus riches au monde », fait face à un manque de logements et, par conséquent, à leurs prix très élevés. Il s’en suit que la location d’une demeure absorbe, pour beaucoup, une part inadmissible de leur budget. Pour eux une acquisition est et et risque de rester un rêve.  S’y ajoute, face à des besoins croissants, une insuffisance persistante des infrastructures du pays,

Quelles sont les causes de ce problème ?

De l’avis du soussigné c’est la persistance de notre croissance économique impliquant celle de l’emploi qui en est la cause majeure, persistance pourtant recherchée, voulue. Le problème est donc, pour le soussigné, en quelque sorte « home-made » !

Entendons-nous : on ne va pas plaider ici en faveur d’une stagnation économique qui risquerait de conduire à une régression. Mais il y a croissance économique utile et il y a croissance économique à éviter.

Si des activités nouvelles, l’implantation de nouvelles industries, améliorent le revenu national moyen ou enrichissent notre savoir-faire, si une entreprise déjà présente veut s’agrandir sans nuire à notre environnement, on ne voit guère de raison pour les en empêcher. Une telle croissance économique est même nécessaire pour compenser l’arrêt d’autres activités et les rationalisations des processus de production.

Si par contre l’implantation d’une industrie nouvelle ne correspond pas à ces exigences, si elle conduit simplement à une augmentation du nombre des emplois, donc des chercheurs de logements ou des frontaliers, renforçant l’insuffisance du réseau routier et de l’habitat sans que le revenu moyen s’améliore, si elle nuit à notre environnement, alors il y a maldonne : la croissance annule alors l’effet des investissements immobiliers, l’insuffisance des infrastructures risque de s’aggraver.

Et la destruction de notre patrimoine naturel, la contraction de nos espaces naturels continueront sans nécessité  ! Pourquoi alors cette frénésie de croissance officielle ?

Le soussigné n’en aperçoit qu’une seule raison rationnelle quoiqu’inavouée : sans une croissance constante du nombre des cotisants, notre régime contributif d’assurance vieillesse exigera un subside étatique devenant insupportable, Prévenir ce scénario impliquerait cependant des réformes douloureuses : accroissement du taux des cotisations, diminution du montant des pensions,  entrée en pension retardée ou encore une combinaison de ces mesures. De tels projets de réforme  provoqueront inévitablement des oppositions farouches. D’où l’omerta, le tabou frappant actuellement le sujet.

En attendant ce rendez-vous fatidique, d’ici à quinze ou vingt ans, il faut croître, augmenter le nombre des cotisants afin de pouvoir continuer à servir le nombre croissant des pensionnés.

Lorsqu’on sera alors contraint de proposer des mesures d’assainissement, la contribution étatique pour combler le déficit étant devenue démesurée, lorsque ces mesures auront été farouchement refusées, , on commencera à mettre en jeu  la fusion des régimes de pension, un régime de pension unique pour tous aux frais de l’État impliquant, afin d’être financièrement possible, une baisse des pensions du secteur public.

Une mesure législative difficile sinon impossible à faire voter si les Luxembourgeois, devenus minoritaires dans le pays, seront toujours seuls à pouvoir  voter lors des élections législatives. En majorité ils feront en effet partie de la fonction publique ou seront proches parents de fonctionnaires. Quant aux ministres et aux députés, ils le sont depuis longtemps tous, à de rares exceptions près.

Belles perspectives !

Faute d’aborder ce problème de pension et d’en entamer la solution , notre régime de pension contributif deviendra progressivement un véritable système Ponzi : pendant une quinzaine d’années, davantage peut-être, les pensionnés actuels et ceux qui le seront en bénéficieront.  Cela deviendra progressivement de plus en plus difficile. Réformer à temps paraît cependant hypothèse improbable: les bénéficiaires du système actuel votent maintenant alors que les perdants n’ont pas encore voix au chapitre. Ils sont encore  en culottes courtes (si masculins) ou se trouvent encore dans les choux !

Perspectives cauchemardesques pour le soussigné qui ne peut qu’espérer de se tromper.

J.H. le 6 mai 2021

Texte légèrement lissé depuis lors.

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