4.18 Le casse-tête ukrainien

L’histoire de l’Europe occidentale et centrale, celle de l’Empire romain, de celle de Charlemagne et, passant par les Empereurs de la Maison de Luxembourg et de la bataille de Crécy à la révolution française et à Napoléon, fait dans ses grandes lignes partie de la culture générale des Luxembourgeois, de leur « Geschichtsverständnis ». Il n’en guère ainsi de l’histoire de l’Europe orientale, du Balkan, de la Pologne, de la Russie ou de l’Ukraine. Nos connaissances de leur passé sont faibles, très faibles même.

Un constat similaire doit s’appliquer à tous les Européens occidentaux .Pour nous tous, notre connaissance de l’histoire des peuples de l’Europe orientale est très lacunaire. Et pour la grande majorité des Américains, leurs connaissances de l’histoire des peuples européens doivent être encore moindres,

Tout cela pour expliquer mon avis très critique de la façon dont nous avons traité la Russie après la dissolution de l’Union Soviétique, après les Gorbatchev et Eltsine. Le Parti communiste de l’ancienne URSS avait alors perdu sa puissance, était déconsidéré. Les Russes aspiraient à davantage de droits, de libertés, admiraient les sociétés occidentales, étaient désireux de s’en approcher.

Quelle fut notre réaction, l’accueil que nous réservions à ces dispositions nouvelles ?

J’ai l’impression que nous ne pouvions pas nous défaire de notre méfiance, des appréhensions que nous avions eues pendant des décennies à l’égard de la menace soviétique. L’Otan, sous égide américaine, continua à voir dans la Russie la grande menace, la raison d’être de son existence. Au lieu d’encourager les velléités d’ouverture russes, nous avons essayé d’en profiter, de renforcer notre position, allant jusqu’à faire miroiter aux Ukrainiens de devenir membre de l’Otan et, pourquoi pas, à terme d’adhérer à la Communauté Européenne.

C’est ici qu’intervient notre ignorance collective de l’histoire des peuples slaves, évoquée plus haut. À l’époque, aujourd’hui encore, nous ne nous rendons pas compte que pour les Russes l’Ukraine est un pays-frère, le berceau presque de leur nation. L’idée que l’Ukraine puisse devenir membre de l’Otan, d’une alliance militaire ostensiblement dirigée contre la Russie qui doit en  rester exclue, était traumatique, réveilla les pires craintes, ravivait le souvenir des agressions de Napoléon et d’Hitler. L’incorporation de la Crimée qui suivit doit être vue aussi sous cet angle. Khrouchtchev l’avait jointe à l’Ukraine sans grande nécessité et dans l’indifférence générale: ce changement ne signifiant pas grand’ chose en Union Soviétique.

Je crois que pour la majorité des habitants de la Crimée, leur retour à la Russie ne posa guère problème. Il n’en a cependant pas été ainsi des minorités, tatares ou ukrainiennes, pour qui ce changement était parfois désastreux.

Telle est la situation aujourd’hui. Que faire maintenant ?

À mon humble avis Il faudrait, après avoir obtenu un « nihil obstat » discret et in officiel de l’Ukraine, convenir avec les États-Unis d’une ligne de conduite susceptible de dissiper ou, au moins, d’alléger les appréhensions russes, permettant à l’Ukraine une indépendance neutre, démocratique et souveraine, acceptée par la Russie.

À qui devrait incomber d’initier une telle négociation ? Question difficile. Le plus dur sera probablement de persuader les Américains d’y adhérer, ne fusse qu’à titre d’essai.

C’est peut-être au sein de l’Otan, avec l’appui du Royaume-Uni, que les premiers sondages devraient avoir lieu.

Vains espoirs d’un Européen quelque peu inquiet ?

JH, le 18 décembre 2021

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