4.19 La guerre en Ukraine, vers quoi allons-nous ?

 Le «Wort» a publié récemment un article signé par différentes organisations pacifistes éminemment respectables. Elles y exigent qu’en Ukraine on cesse de se battre et que les deux parties trouvent une solution à leur différent. Celle-ci devrait consister, toujours selon cet article, par le rétablissement de l’Ukraine dans ses frontières internationalement reconnues, Crimée incluse.

On croit rêver, rien que cela ? Mais ensuite on apprend qu’en attendant il faut continuer à fournir des armes à Kiev: quand même !

D’une façon générale pour mettre fin à une guerre, à moins que l’on soit en train de la gagner, si on entame une négociation dans le but de trouver un compromis, il faut être prêt à faire soi-même des concessions. Mais ce serait vraiment insensé si l’Ukraine acceptait maintenant , par exemple, la perte de la Crimée sans la moindre contrepartie russe.

Quant aux causes du conflit, bien que l’Otan en porte une part de responsabilité (voir l’article 4.19), c’est l’agresseur russe, au départ sûr d’une victoire rapide et facile, qui en est, et de loin, le responsable principal.

En effet, rien, absolument rien ne justifie l’attaque et les sauvageries russes

Cela étant dit, on ne peut s’empêcher de se demander, en catimini, quelle sera l’issue de ce conflit.

Première réflexion à ce sujet: iI est peu probable que l’Ukraine puisse vaincre la Russie. La disproportion des forces est trop grande. D’un autre côté le courage des Ukrainiens et les fournitures d’armes des pays membres de l’Otan, pourvu qu’elle s’amplifient, rendent une victoire russe très difficile, du moins dans le court terme.

Le martyre ukrainien risque ainsi de se prolonger !

On ne peut alors qu’espérer qu’en Russie les gens commencent à s’interroger au sujet de la nature de cette “opération spéciale” dans un pays « frère ».

Dans ce cas et malgré sa nostalgie de la splendeur des tsars, de la puissance de Staline, malgré son dédain pour les crimes terribles de ce dernier et pour ses pertes actuelles en Ukraine, malgré son obsession de la grandeur russe, de la profondeur de son nationalisme: espérons quePoutine est un réaliste soucieux de la continuation de son règne.

Une évolution telle qu’évoquée pourrait donc, peut être, l’amener à la table de négociation, aboutir à la fin du conflit.

Peut-être !

C’est en tout cas la question qu’en Europe nous sommes nombreux à nous la poser, avec anxiété, avouons-le.

J.H. le 3 Juin 2022

PS: Hier soir, en regardant la télévision, je suis tombé sur une discussion entre Cohn-Bendit et Luc Ferry. Sujet de la discussion : le conflit ukrainien. Malgré ma sympathie pour Cohn-Bendit, je n’ai pu m’empêcher de pencher en faveur des propos de Luc Ferry alors que Cohn-Bendit prônait un durcissement de l’action “anti Poutine” occidentale.

Le franc-parler de ces deux hommes m’a alors donné le courage de dire à mon tour le fonds de ma pensée, aussi désabusée et défaitiste qu’elle soit.

Le voici :

J’estime qu’afin d’éviter sa destruction,  l’Ukraine devrait se résoudre à abandonner la Crimée et les parties russophiles du Donbass.

Oui, je  sais: ce serait un « appeasement » de néfaste mémoire: Munich! Mais par un tel abandon,  les vélléités de conquête poutiniennes vers l’ouest, il me semble, s’afaibliraient et cela d’autant plus qu’elles se heurteraient de front à l’Otan.

Pour l’Occident, pour le monde démocratique, et aussi pour l’Ukraine, l”enjeu de la guerre actuelle devrait donc se limiter à ce que l’Ukraine garde l’essentiel de son territoire, y inclus ses ports sur la Mer noire et qu’elle obtienne un statut la mettant à l’abri des vélléités agressives russes. Qu’elle puisse devenir, au moins de facto sinon de droit, membre de l’Union Européenne. En contrepartie la Russie devrait obtenir la reconnaissance internationale de l’annexion des territoires lui ainsi cédés et la levée des sanctions actuelles.

Ce qu’il faut en tout cas c’est que l’accord soit suffisamment décevant pour Poutine pour le décourager à continuer ses agressions.

Plus vite on trouvera un accord, moins sévères seront pour les deux côtés les pertes humaines, moins sévères les destructions pour l’Ukraine.

D’où l’intérêt commun de trouver un accord.

Et, quittant l’Ukraine et en tant qu’Européen, j’estime enfin que nous devrions au plus vite mettre fin à ce que les décisions de l’UE nécessitent l’unanimité des États membres, œuvrer  aussi au sein de l’Otan afin que la Turquie ne puisse plus jouer son double jeu actuel.

Cogitations d’un Européen fort âgé, publiées le 6.6.2022 et complétées le 28.06.2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *