J’avais promis de ne plus rien écrire dans ce blog. Depuis lors j’ai fini de concocter une « Histoire récente » de notre pays et ne peux me résoudre à la garder sous le boisseau… mea culpa!
Histoire récente du Grand-Duché de Luxembourg
Il y a des années, me demandant comment il se faisait que ma patrie, le Luxembourg, malgré sa taille réduite, était devenu un État indépendant reconnu comme tel sur le plan international, j’ai essayé d’en résumer l’histoire. Ce faisant j’ai estimé pouvoir laisser de côté ce qui s’était passé avant la Révolution française (1789-1799). En ces temps il n’y avait en effet guère de sentiments nationaux, donc de nations comme aujourd’hui. Les gens étaient les sujets de souverains, en place « par la grâce de Dieu », souverains auxquels ils devaient fidélité et obéissance.
Commençons donc notre histoire avec la Révolution française.
Venant de Thionville, (d’expression luxembourgeoise, devenue française en 1659 par le traité des Pyrénées), les troupes révolutionnaires françaises entrèrent dans notre pays en 1794. Ils y firent le siège de la forteresse de Luxembourg dont la garnison autrichienne, sous le maréchal Bender et après 6 mois de siège, capitulât et se retira, avec l’accord des Français, avec armes et bagages vers Arlon et Bruxelles.
Commença alors l’occupation française du Duché de Luxembourg dont le territoire était trois fois plus grand que celui du Grand-Duché d’aujourd’hui. Bitbourg et Arlon en firent partie.
Les Luxembourgeois acceptaient difficilement cette occupation française (expropriation des cloîtres, défense des ordres religieux). Avec des territoires adjacents, le Luxembourg formait alors le « Département des Forêts », partie intégrante de la France. La conscription y fut introduite. Des Luxembourgeois firent ainsi partie des armées françaises et devaient participer à ses guerres en Espagne et, plus tard, en Russie. Dans les guerres napoléoniennes, environ 15 000 originaires de l’ancien Duché de Luxembourg, avaient été conscrits et plus de 9 000 y ont laissé la vie: 3 fois autant que pendant la 2me guerre mondiale au sein de la Wehrmacht!
Remarque: un soulèvement des paysans, le « Klöppelkrich » (guerre des gourdins), parfois considéré comme « patriotique », fut plutôt une jacquerie paysanne, une réaction contre les mesures du nouveau pouvoir.
Le « Directoire » (1799) fut introduit en France par un coup d’état, suivi par le couronnement de Napoléon comme Empereur (1804).
Après la retraite douloureuse de Russie, en 1812, il se développa dans les pays allemands, alliés de la France sous des souverains choisis ou tolérés par elle, un sentiments de protestation, de révolte. La débâcle de la retraite de Russie y avait été fortement ressentie: dans la « Grande Armée » se trouvaient plus d’Allemands que de Français!
Se développa ainsi en Allemagne un patriotisme, un besoin d’indépendance hostile à la France, menant finalement à la défaite française à Waterloo. La France y fut vaincue par l’Angleterre (Wellington) et la Prusse (Blücher).
Pour moi c’est le début des sentiments nationaux, y compris le nôtre. Jusque-là notre pays s’était trouvé pendant des siècles, généralement de commun avec la Belgique, sous le règne des maisons de Bourgogne (1448-1506), d’Espagne (1516-1684), de la France (1684-1714) d’Autriche (1714-1795) et de nouveau de la France (1795-1814). C’est donc un sentiment national belge plutôt que luxembourgeois qui se développa chez nous.
Après la défaite française à Waterloo, s’ouvrait une période intermédiaire : comment réorganiser l’Europe alors que Napoléon l’avait façonnée à sa guise ?
C’était l’œuvre du Congrès de Vienne.
Après la défaite définitive de Napoléon à Waterloo et de longues discussions, les vainqueurs (la Grande-Bretagne, la Prusse, la Russie et l’Autriche) se réunirent avec des représentants de la France à Vienne, (1814-1815). Il y fut décidé que le Luxembourg francophone allait faire partie de la Belgique et que les territoires à l’est de l’Our et de la Moselle seraient cédés à la Prusse. En compensation le restant du Duché de Luxembourg devint un Grand-Duché, membre du « Bund » allemand et propriété personnelle du Roi des Pays-Bas, Guillaume Ier.
Une partie des Luxembourgeois devint ainsi belge, une autre prussienne, la troisième restant luxembourgeoise.
Guillaume 1er ne tarda pas à traiter notre pays comme une province néerlandaise (la 18me). Il fut en cela suivi par la bourgeoisie de la Ville de Luxembourg, traditionnellement loyaliste, donc maintenant orangiste, alors que le reste du pays penchait toujours vers une appartenance à la Belgique. Celle-ci n’accepta pas le verdict viennois et se révolta contre les Hollandais, suivie en cela par ce qui subsista comme Luxembourg sauf, évidemment, les citadins de la forteresse de Luxembourg.
De 1830 jusqu’au Congrès de Londres (1839), la forteresse de Luxembourg fut ainsi « hollandaise » avec une garnison prussienne (devant empêcher sa reprise par la France), alors que le reste du pays était de facto belge avec Arlon comme capitale de la Province belge de Luxembourg.
À Bruxelles les Luxembourgeois occupèrent alors des position élevées (Premier Ministre, Président du Sénat etc.).
Au Congrès de Londres (1839) la Belgique devint définitivement indépendante alors que le Luxembourg y était confirmé comme « propriété » du Roi des Pays-Bas, sort généralement accepté, fusse avec résignation, par les Luxembourgeois. Ils participaient alors à la création d’un pays autonome avec ses institutions, le Roi de Hollande ou son Représentant en étant le Souverain presque tout-puissant.
Lorsque, faute de successeur mâle, le roi des Pays-Bas fut suivi par une Reine, inadmissible selon le pacte familial de la monarchie luxembourgeoise, la couronne grand-ducale échoua à la maison de Nassau, ce qui est toujours le cas.
Les Nassau, comme alliés de l’Autriche-Hongrie, avait perdu avec celle-ci la guerre contre la Prusse et avaient été dépossédés de leur fief allemand. Il faut supposer que le Duc de Nassau était bien content de devenir Grand-Duc de Luxembourg!
Suivait une évolution pacifique, le pays devenant finalement une démocratie parlementaire moderne ayant comme Chef d’État un Grand-Duc aux fonctions largement représentatives.
Il faudrait maintenant évoquer encore ce qui se passa chez nous pendant la 2me Guerre Mondiale, expérience douloureuse qui fortifia définitivement le patriotisme luxembourgeois. Je m’en abstient, ces événements récents devant être considérés comme connus.
J.H. 04:07:2025
